Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi - Chapitre 5. Filles du Roi, des filles courageuses ou aux moeurs légères ? Un mythe qui a la peau dure !
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La traversée de La Nouvelle-France suit son cours, nous sommes à la fin du mois de juin 1670. Le voilier, en plein océan, devrait arriver dans un mois, pas plus. Jeanne et les autres Filles du Roi passent le temps en se racontant leurs enfances, leurs passés d’orphelines et s’imaginent déjà fonder une famille une fois le pied posé en Nouvelle-France.
Elle seront 770 entre 1643 et 1673 a être envoyées par Louis XIV pour peupler la Nouvelle-France. Là-bas, les hommes y sont beaucoup plus nombreux que les femmes. Les pionniers peinent à se marier et à fonder une famille, les mariages mixtes avec des autochtones étant très mal vus. Les autorités du roi ont donc, pendant plus de 30 ans, encouragé l’émigration de jeunes filles orphelines et pauvres au Canada. Ces Filles du Roi, appelées ainsi car sous la tutelle (financière) du roi, ont longtemps été au coeur de rumeurs remettant en question leurs bonnes moeurs. L’idée que les Filles du Roi auraient été des filles de joie a longtemps eu la peau dure !
D’après Irène Belleau, ancienne présidente de la Société d’histoire des Filles du Roy, ce mythe est né de la publication des oeuvres du baron Louis-Armand Lahontan, mandaté par Louis XIV pour enquêter sur les colonies françaises.
Il publie :
« On y envoya de France plusieurs Vaisseaux chargez de filles de moyenne vertu […] Ces Vestales étaient pour ainsi dire entassées les unes sur les autres en trois différentes sales, où les époux choisissoient leur épouses de la manière que le boucher va choisir les moutons au milieu d’un troupeau. »
Ravissant.
Cassons ce mythe :
Une fausse idée liée à la mauvaise réputation du Canada au début de la colonie. A la même époque, la France tente d’envoyer des repris de justice en Amérique avant d’envoyer des prostituées de Paris aux Antilles ou plus tard en Louisiane.
Les Filles du Roi ont longtemps été confondues avec ces femmes. On leur accorde par contre qu’elles étaient instruites, travailleuses et courageuses. Bien qu’elles n’avaient pas besoin de savoir lire et écrire, beaucoup d’entre elles ont reçu une éducation religieuse en hospice ou en orphelinat. Dans une volonté de peupler la Nouvelle-France, les autorités du roi ne pouvaient se permettre d’envoyer des filles de mauvaises moeurs.
Le recrutement des Filles du Roi a suivi des principes rigoureux. On surveillait les filles de leur arrivée en hospice à leur mariage. On ne veut envoyer que des filles honnêtes, de bonnes familles, élevées aux frais du roi. On connait d’ailleurs le parcours de vie de la plupart de ces Filles du Roi, des parcours réguliers, stables et dans la religion.
Sans doute l’idée la plus coriace à propos des Filles du Roi. Mais les historiens ont rapidement balayé cette idée. Yves Landry déclare d’ailleurs : « Elles avaient une forte fécondité, c’est la preuve qu’elles n’étaient pas prostituées ». Sous-entendant que des maladies vénériennes ne leur auraient pas permis de procréer aussi largement. Sans oublier le fameux certificat « de bonne moeurs » devant être obligatoirement délivré par un curé et précieux sésame pour la Nouvelle-France.
Aujourd’hui, la réputation des Filles du Roi est bien plus heureuse. Héroïnes de la première heure, courageuses et travailleuses, fondatrices de la Nouvelle-France…
A demain pour la suite de notre Challenge AZ et de notre histoire d'ancêtre grand format : Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi.
Maud de Geneafinder