Harriet Tubman : récit de vie de la militante antiesclavagiste

Retour sur la vie et les luttes d’Harriet Tubman, célèbre militante noire antiesclavagiste.

Harriet Tubman : récit de vie de la militante antiesclavagiste

©️Library of Congress

En 2020, aux Etats-Unis, Harriet Tubman aurait dû être la première personnalité noire à figurer sur un billet de banque. Mais le nouveau billet de 20$ habillé du visage d’Harriet Tubman, militante noire antiesclavagiste, ne sortira pas avant 2028, au moins, décision prise par le président actuel Donald Trump.


Alors que 2020 est aussi l’année de résurgence du mouvement Black Lives Matter, Harriet Tubman ne remplacera donc pas le visage du septième président américain, populiste, Andrew Jackson admiré par Trump. Il semblerait que pour le président américain il soit peut-être trop tôt pour faire apparaître le portrait d’une femme sur un billet, qui soit noire qui plus est et militante antiesclavagiste. Mais, c’est un autre débat. 


Nous profitons alors de ce fait d’actualité pour revenir sur le récit de vie d’Harriet Tubman et en faire l’une de nos Histoires d’Ancêtres, telles qu’on les aime.



Une jeunesse difficile


Nous sommes au début des années 1820, aux Etats-Unis, dans le comté de Dorchester, Maryland. Araminta Ross vient de voir le jour, elle est la sixième fille (sur neuf enfants) d’Harriet Green et de Ben Ross, tous deux esclaves de Mary Pattison Brodess et de son second mari Anthony Thompson à Madison. 


L’histoire familiale rapporte que sa grand-mère est arrivée au pays sur un navire négrier en provenance d’Afrique (peut-être du Ghana ?), c’est l’unique ancêtre pour qui il serra possible de remonter le parcours. 


Les frères et soeurs d’Araminta seront rapidement séparés comme le veut le système esclavagiste, obligeant la famille Tubman à vendre certains de ses enfants à d’autres propriétaires. C’est d’ailleurs au moment où sa mère a refusé de vendre l’un de ses fils que la possibilité de résister a envahi Araminta. 


Dès ses 5 ans, la jeune fille est louée à une femme qui lui fait subir quotidiennement bon nombre de mauvais traitements, et cela jusqu’à l’adolescence. C’est après avoir subit ces sévisses et surtout refusé d’obéir à un homme blanc qui lui demandait de l’aide pour retenir un esclave en fuite qu’Araminta est renvoyée dans les champs. L’adolescente, blessée gravement, reste sans soin et déclenche des crises d’épilepsie temporale. C’est aussi à cette période qu’elle s’inspire de l’Ancien Testament et plus précisément de la libération des Juifs hors d’Egypte par Moïse. 


Araminta épouse aux alentours de l’année 1844, John Tubman, un homme libre et décide de prendre le nom de sa mère Harriet. 



S’échapper pour vivre 


Harriet Tubman essaiera plusieurs fois de s’échapper pour s’émanciper. D’abord en septembre 1849, par crainte d’être vendue à un nouveau propriétaire et séparée du reste de sa famille. Elle décide de laisser son mari et de partir avec deux de ses frères. Pris de remords et très inquiets, ses deux frères feront demi-tour et obligeront Harriet à rentrer avec eux. 


La seconde fois Harriet part seule. Elle sera aidée par des sympathisants quakers et par leur réseau d’évasion du Chemin de fer clandestin. Des historiens estiment qu’elle serait partie du Maryland et aurait traversé le Delaware avant d’arriver en Pennsylvanie. 


Un long voyage, périlleux et risqué durant lequel elle dû se cacher pour éviter d’être capturée par des chasseurs d’esclaves avides de récompenses pécuniaires.


Tubman décrit son entrée en Pennsylvanie :

« Quand je découvris que j'avais franchi cette ligne, je regardais mes mains pour voir si j'étais la même personne. Il y avait une telle gloire sur tout : le soleil est apparu comme l'or à travers les arbres et sur les champs, et je me sentais comme si j'étais au paradis ».


Vivre pour libérer


Harriet Tubman, « Moïse » antiesclavagiste, retournera plusieurs fois au Maryland pour aider des enclaves à s’échapper, prenant le risque de sacrifier sa liberté. Mais alors que la loi américaine s’alourdit en 1850 avec le Fugitive Slave Act pour punir d’autant plus les évasions et contraindre tous les états du pays à collaborer, Tubman décide de prendre tous les risques possibles pour cette fois tenter de libérer ces nièces. 


Un an plus tard, elle décide de retrouver son mari qui refuse de la suivre à nouveau, re-marié et satisfait de sa situation. Ce voyage vers le comté de Dorchester ne sera pas en vain puisque Tubman en profitera pour aider plusieurs esclaves à partir dont plusieurs de ces frères. Ses différents périples l’emmèneront jusqu’au Canada, seule terre sûre d’Amérique du Nord. 


Harriet Tubman déclarera plus tard avoir permit à environ 70 esclaves de s’échapper en 13 expéditions. 


Une vie de luttes


En pleine Guerre de Sécession, Tubman rejoint un groupe d’abolitionnistes et sert comme cuisinière et infirmière dans les camps de Port-Royal. 


En 1863 et suite à la Proclamation d’émancipation mise en oeuvre par Lincoln, Tubman devient la leader d’un groupe d’espions et d’éclaireurs sous les ordres du Secrétaire à la Guerre des Etats-Unis. Elle deviendra ensuite conseillère à l’organisation de raids est assauts menés par l’Union pour libérer des esclaves. 


Après la guerre, Tubman ne cessera de militer pour les droits des Afro-Américains mais aussi des femmes en luttant pour l’obtention du droit de vote. 


En 1869, l’antiesclavagiste publiera sa biographie Scène de la vie d’Harriet Tubman et épousera Nelson David. Tubman décède en 1913 dans l’hospice pour Afro-Américains âgés et malades qu’elle a fondé quelques années plus tôt. Les honneurs militaires lui serons remis à son enterrement pour son investissement dans la lutte pour la libération d’esclaves. Depuis 1990, chaque 10 mars, ses accomplissements sont honorés lors du Harriet Tubman Day



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