Kerguelen, entre découvertes et expéditions

En route vers une aventure polaire, direction l’archipel de Kerguelen.

Kerguelen, entre découvertes et expéditions


Le XVIIIe siècle a considérablement été marqué par les envies nombreuses de voyages et de découvertes. Au même titre que Jean Godin des Odonais dont vous nous parlions dans cet article, ils étaient nombreux à partir en expédition au bout du monde. 

Dans l’article du jour, nous vous emmenons vers le pôle Sud pour vous raconter l’histoire de voyageurs qui fait écho à celles des grands explorateurs du XVIIIe siècle. Alors, en route vers une aventure polaire, direction l’archipel de Kerguelen.


Une première découverte au XVIIIe siècle


Nous sommes le 13 février 1734, Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec voit le jour au manoir familial à Landudal dans le Finistère. Il étudiera au collège des jésuites de Quimper avant d’entrer dans la Marine royale pour ensuite intégrer la compagnie des Gardes de la Marine à Brest en 1750. C’est là d’ailleurs qu’il sera formé pour être officier du grand corps des vaisseaux. Le marin embarquera sur plusieurs bateaux avant de partir pour les Antilles et, quelques années plus tard, l’Islande pour y mener une campagne de protection des pêcheurs de morue. S’en suivront un voyage au Groenland, puis en Norvège. 

Au début des années 1770, de Kerguelen de Trémarec tente de convaincre le ministre de la Marine avec la possible découverte d’un continent austral dans le Pacifique sud. Et le voilà parti, un an après, avec 14 mois de provision et 300 hommes d’équipage. Ils arrivent sur l’île de France (l’île Maurice) en août de la même année. Là-bas, il échangera son vaisseau contre une flûte, La Fortune, et la gabarre, Le Gros Ventre, plus légers et adaptés à la navigation dans l’Océan Indien. Plusieurs mois après être reparti de l’île de France, le commandant aperçoit ce qu’il croit être le continent austral et donnera à cette terre le nom de France australe. Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec aperçoit, en fait, un archipel, le futur archipel des Kerguelen. C’est Charles-Marc Du Boisguéhenneuc qui prendra possession du territoire au nom du roi, à cause d’une tempête qui finira par séparer les deux embarcations qui rentreront chacune de leur côté à Brest. L’histoire raconte que de Kerguelen de Trémarec est accueilli « comme un nouveau Christophe Colomb » et il n’hésitera pas une minute avant de demander au roi une seconde expédition, vantant la beauté et le fort potentiel d’exploitation de cette terre nouvelle. 

Il repart en 1773, avec des provisions, des hommes, des scientifiques, mais aussi des colons, en direction de la France australe. Bloqué à son arrivée par le relief et des conditions météorologiques défavorables, le capitaine ne fera qu’une courte incursion dans la baie de l’Oiseau, terre dont il prendra possession à nouveau pour la couronne française et qui sera reconnue par le navigateur James Cook quelques années plus tard.


De nouvelles expéditions au XXe siècle


C’est un autre breton qui décidera de partir en expédition dans l’archipel des Kerguelen. Raymond Rallier du Baty nait le 30 août 1881 à Lorient et suit très vite les pas de son père en intégrant la marine marchande. Après avoir franchi le Cap Horn en étant encore élève, il deviendra capitaine au long cours (pour prendre les commandes de gros bateaux pour des voyages de longue durée). Tout jeune capitaine, il décide, en 1907, de mener avec son frère sa première expédition en direction de l’archipel des Kerguelen sur le JB Charcot, ils ne seront que 5 à bord. Après de nombreuses péripéties tout au long du voyage, l’équipage arrive en 1908. Ils y dresseront la première carte exacte et chasseront phoques et éléphants de mer pour payer l’équipage. Ils découvriront la présence de cabanes de scientifiques allemands inoccupées (début 1900) ainsi qu’une grotte aménagée par des naufragés du XIXe siècle. Dans les années 1910 arrivent les premiers exploitants de l’archipel avec un bateau à vapeur norvégien pour installer une usine pour la chasse à la baleine ainsi qu’un phoquier marseillais. Les frères explorateurs resteront plus d’un an aux Kerguelen avant de rentrer en France où, là aussi, l’histoire raconte qu’ils seront accueillis comme des « aventuriers du XVIe siècle égarés dans le XXe » par le prince Roland Bonaparte. Raymond Rallier du Baty mènera une seconde expédition vers l’archipel, rapidement écourtée par le déclenchement de la première Guerre-Mondiale en France. 


L’archipel des Kerguelen attire toujours des explorateurs


Depuis des siècles, l’archipel des Kerguelen fascine et intrigue. Aujourd’hui encore, de nombreux scientifiques du monde entier tente de percer les mystères de l’île (ornithologie, géologie, sismologie...) lors d’expéditions scientifiques. Pour s’y rendre, il suffit d’embarquer à bord du Marion Dufresne, un navire spécialement utilisé pour l’exploration scientifique des Terres Australes et Antarctiques Française (dont les 300 îlots des Kerguelen ne représentent qu’un district). Les touristes ne sont autorisés à monter à bord seulement s’il reste des places et seulement s’ils acceptent de débourser une certaine somme (souvent plus de 10 000€)...


Ce rapide panorama chronologique des explorations au cœur de l’archipel des Kerguelen nous prouve que le voyage marque les siècles et que la découverte de nouvelles terres ou savoirs attire encore de nombreux grands explorateurs… 

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