Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi - Chapitre 3. Quand une annonce suffit à faire basculer le destin de Jeanne…
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Nous sommes au début de l’année 1669, Jeanne a 18 ans et elle ne se doute pas que sa vie est sur le point de changer. Alors qu’elle se trouve depuis quelques années déjà en maison de charité ou dans un des hôpitaux généraux de Paris, Jeanne est convoquée au parloir. Jeanne Crossonneau, pupille de Louis XIV vient d’être recrutée pour partir pour la Nouvelle-France. Quelle heureuse nouvelle ! Jeanne avait eu vent de ces recrutements, quelques unes de ses voisines de chambrée avaient également reçu cette chance que d’être appelées à partir outre-atlantique, l’une d’elle avait même reçu une lettre de demande en mariage. Les orphelines en bonne santé, fortes, bien éduquées, habiles de leurs mains et catholiques seront les pionnières de la Nouvelle-France du Roi. Elles ont en moyenne 24 ans au moment de partir, 13 ans pour la plus jeune, 40 ans pour la plus âgée, entre 1663 et 1673. La majorité des Filles du Roi sont originaires d’Ile-de-France, comme c’est le cas de Jeanne, sinon de l’Ouest de la France et de Normandie.
C’est une véritable chance pour notre protagoniste. La chance de recommencer une nouvelle vie, désormais destinée à autre chose que d’être servante ou brodeuse mais destinée à fonder une famille avec un mari qu’elle pourrait « choisir », sans rien avoir à perdre ici. Jeanne s’est sans doute sentie honorée et courageuse !
C’est le Roi qui prend en charge les frais des Filles du Roi. De leur recrutement à leur traversée de l’Atlantique. Jeanne reçoit donc une dot de 200 livres qui comprennent les frais de son recrutement, de son trousseau et de sa traversée. Comme toutes les autres Filles du Roi, elle reçoit également un petit coffre, une cassette, pour y ranger un peigne, deux coiffes de dentelle, une ceinture, des bas, deux jupes, des souliers, des gants, un bonnet et des lacets. Et afin d’être en mesure de nourrir et habiller sa futur famille, Jeanne trouve dans son coffre des aiguilles et épingles à foison, un étui, un dé, du fil, une paire de ciseaux, de la toile à mouchoirs, des cols, des cornettes, des manches plissées et deux couteaux. Ne manque plus que son certificat de « bonnes moeurs » rédigé par le curé pour partir vers La Rochelle.
Coffre - Source : Musée virtuel de la Nouvelle-France
Jeanne sera chaperonnée par une officière pour assurer sa protection jusqu’à son mariage. La route jusqu’à La Rochelle est longue, en charrette ou en gabare. C’est le premier voyage de Jeanne, en dehors de l’Ile-de-France.
Une fois arrivée proche du port, les filles en partance pour la Nouvelle-France attendent parfois dans des auberges malfamées, leur vie est rythmée par des chants de cantiques en attendant que le navire, en provenance de Dieppe, ne fasse escale. Cette longue attente avant le départ est propice à un rapprochement entre les filles, les interrogations et doutes fusent quant à leur nouvelle vie à venir…
Pourront-elles trouver un mari aimant ? A quoi ressemble la vie en Nouvelle-France ? Y seront-elles heureuses ? Et puis… partir en mer fait peur ! La traversée de l’Atlantique est l’une des plus difficiles d’après les marins aguerris…
A demain pour la suite de notre Challenge AZ et de notre histoire d'ancêtre grand format : Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi.
Maud de Geneafinder