Si cette enquête est, pour l’instant, non-élucidée, d’autres faits-divers français ont déchainé les passions depuis plusieurs siècles…
©️Gallica - BnF
L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès passionne les français depuis bientôt 10 ans. Alors qu’en octobre 2019 la France retient son souffle en apprenant sa possible arrestation à Glasgow (alors qu’il s’agissait d’un paisible retraité français d’origine portugaise), en 2020 les médias ne se passent plus de ce fait divers.
Cet été, c’est le magazine Society qui aborde le sujet sous un nouvel angle, avec près de 80 pages consacrées à XDDL. Les deux magazines s’arrachent même à prix d’or sur les sites de revente en ligne. En parallèle, la télé s’empare du fait divers, Netflix a consacré un épisode à cet événement dans sa série « Unsolved mysteries » (comprenez, « Mystères non résolus ») et M6 nous a proposé une mini-série sur cette enquête non-élucidée.
Suite à la diffusion d’informations sur cette affaire via ces différents médias, les témoignages se multiplient et les français s’approprient plus que jamais l’enquête en cours…
Si cette enquête est, pour l’instant, non-élucidée, d’autres faits-divers français ont déchainé les passions depuis plusieurs siècles… Exemples.
Nous sommes dans la nuit du 8 au 9 Floréal an IV, non loin du village de Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne). La diligence, malle-poste, qui va de Paris à Lyon est attaquée par plusieurs individus. Ses passagers, M. Audebert (postillon) et M. Excoffon (convoyeur) sont assassinés à coups de sabre et de poignard.
L’argent convoyé est volé. On parle de 80 000 livres en monnaie et de 7 millions de livres en assignats. Tout le mystère réside dans le fait qu’un troisième passager ait disparu sans laisser de trace…
Les enquêteurs retrouvent sur place les deux corps et les caisses vidées de leurs livres, mais également un éperon argenté, une partie du sabre des agresseurs et deux chevaux sur les trois tirant la diligence.
Six hommes seront appréhendés : Couriol, représentant de commerce chez qui on retrouve un butin; Richard, apprenti bijoutier, receleur et connaissance de Guénot, le premier arrêté en compagnie de Lesurques, tous deux reconnus par des témoins; Bruer et Bernard.
Alors que Lesurques est innocenté par les autres protagonistes, lui, Couriol, Bernard et Richard sont déclarés coupables. Il seront guillotinés. Mais la réouverture de l’enquête par un nouveau juge des années plus tard mettra en évidence la possible innocence de Lesurques dont la ressemblance avec un certain Dubosq est frappante (il sera condamné à la guillotine).
Plus tard, en 1868, Lesurques donnera son nom à la loi permettant de réhabiliter des condamnés reconnus innocents par la suite. Aujourd’hui, sa condamnation reste un symbole d’erreur judiciaire alors que son innocence n’a jamais été prouvée.
Le 20 mars 1817, le corps de l’ancien procureur impérial du département de l’Aveyron, Antoine Bernadin Fualdès, est retrouvé dans l’Aveyron. Voilà les prémices de l’enquête judiciaire qui suscitera les passions dans la France de la Restauration.
Aux vues de l’état de la victime, les enquêteurs portent vite leurs soupçons sur les habitants de la maison Bancal, des voisins de la victimes, et leurs proches.
Une petite dizaine de personnes seront accusées d’avoir tendu un guet-apens à Fualdès. Il s’agit de Bernard-Charles Bastide (beau-frère et filleul de la victime), de Joseph Jausion (agent de change et époux de Victoirer Bastide), de Jean-Baptiste Collard (locataire des Bancal et contrebandier), la veuve Bancal, sa fille Marianne Bancal, Jean Bousquier (portefaix), Anne Benoit (blanchisseuse) et son amant, entre autres.
Mais pourquoi en voulaient-ils à l’ancien procureur ? Très vite, le simple vol de sacs d’argent ne convainc pas les enquêteurs. Les rumeurs, elles, évoquent un infanticide commis par Jausion qui aurait pu être gardé sous silence par amitié par Fualdès. D’autres mobiles sont avancés, sur fond de libertinages et/ou d’évasion de Louis XVII de la prison du Temple…
Un premier procès, du 18 août au 13 septembre 1817, incriminera onze personnes et impliquera près de 250 témoins. Quatre seront condamnés à mort, deux à la prison à perpétuité. Mais un second procès en Cour d’assises du Tarn, du 25 mars au 5 mai 1818 donnera un second souffle à cette affaire sordide. Une nouvelle témoin, Clarisse Manson, affirme d’abord avoir tout vu du meurtre avant de se rétracter et de tenir des propos fantasques avant de s’évanouir en plein procès. Cette fois, trois des accusés seront exécutés en juin de la même année, deux seront condamnés à perpétuité et d’autres seront condamnés à deux ans de prison ou aux travaux forcés à perpétuités.
Aucune preuve n’aura permis de certifier de la culpabilité des accusés. Néanmoins, cette affaire est aujourd’hui considérée comme la première affaire juridico-journalistique de la presse européenne tant elle a déchaîné les passions…