Jersey, l'île des immigrés bretons

Jersey, so british and so breton ?

Jersey, l'île des immigrés bretons


Non, Jersey n'est pas qu'une  pas qu'une île où l'on peut faire de bonnes affaires grâce au duty free. Même si c'est un de ses nombreux avantages ! 

Victor Hugo a décrit les îles de Jersey et de Guernesey en ces termes dans son œuvre Les Travailleurs de la mer : des «  morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par l’Angleterre  ». La France dispose en effet de liens très forts avec l’île de Jersey, située au large des côtes normandes mais dépendante de la couronne britannique. Si aux 16ème et 17ème siècles Jersey était plutôt une terre de refuge, l’immigration devint économique entre 1850 et 1950, grâce à la spécialisation agricole de l’île, principalement liée à la culture de la pomme de terre, qui nécessitait une main d’œuvre encore insuffisante à Jersey. Il s’agissait donc d’une migration majoritairement saisonnière, dont on peut retrouver la trace via les cartes d’enregistrement de travailleurs étrangers émises de 1920 à 1960 à la suite de l’Alien Restriction Act. Par cette loi, tous les étrangers de plus de 16 ans devaient se déclarer aux autorités pour pouvoir résider sur l’île. Ces cartes sont de véritables mines d’or pour les généalogistes au vu des nombreuses informations qu’elles contiennent : Nom, adresse, date de mariage, lieu de résidence, et même pour certaines datesde décès. 


Des immigrés principalement bretons


En retraçant les origines des étrangers ayant séjourné sur l’île, on peut se rendre compte que 90 % des immigrés étaient d’origine bretonne, majoritairement des costarmoricains, de la région de Paimpol. Entre 1914 et 1925, 70 % des passeports délivrés par les Côtes-du-Nord (ancien nom des Côtes-d’Armor) étaient à destination de Jersey. 

Le salaire étant plus élevé que sur le continent, de nombreux étrangers ont fait le choix d’élire domicile à Jersey. En effet même s’ils ne pouvaient être propriétaires en tant qu’étrangers, ils pouvaient grâce au droit du sol en ayant un enfant sur l’île acquérir des terres. De quoi booster la natalité ! 

Autre communauté importante à Jersey : les Portugais, venus notamment de l’archipel de Madère. Mais on a aussi retrouvé des cartes de travailleurs en provenance d’Italie, d’Espagne, de Russie ou même d’Iran. 

L’île a aussi connu le passage d’un visiteur très célèbre : Victor Hugo. Celui-ci a en effet séjourné sur l’île à la suite de son exil lié au coup d’état du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte. Il écrivit même  « J’aime cette île solitaire, Jersey, que la libre Angleterre couvre de son vieux pavillon… ». Malgré son amour pour l’île, il fut expulsé en 1855, suite à ses critiques contre le gouvernement anglais ( vive la liberté d'expression ! ) . Pour sa nouvelle terre d'asile, il choisira une île très très éloignée et exotique... il s’établira à quelques kilomètres de là, à Guernesey, la voisine anglo-normande de Jersey ! 

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